La production laitière européenne reste timide et l’offre mondiale se tasse depuis l’été. Elle suffit tout juste à satisfaire une demande plutôt dynamique, en particulier en Chine. Les cours des ingrédients laitiers continuent de progresser sur le marché international ce qui tire le prix du lait français.
L’offre laitière des principaux exportateurs marque le pas au second semestre. Si les États-Unis ont gagné des parts de marché à l’international ces deux dernières années grâce à une collecte très dynamique, les disponibilités sont dorénavant réduites avec la dégradation de la marge sur coût alimentaire (-40 % sur un an) dont le niveau se rapproche du seuil de déclenchement de l’assurance marge. La Nouvelle-Zélande, quant à elle, fait face à des conditions météorologiques peu favorables et à une pénurie de main-d’œuvre étrangère, liée aux restrictions sanitaires, qui limitent la collecte au démarrage du pic saisonnier. Côté Union européenne, la production stagne (+ 0,5 %/2020). L’Irlande, l’Italie, l’Espagne et la Pologne produisent davantage mais les collectes allemandes, néerlandaise et française sont en recul.
Alors que l’offre d’ingrédients laitiers est limitée, la demande reste plutôt vive, notamment en Chine qui reconstitue ses stocks de poudre. Faute de disponibilités, l’Union européenne à 27 voit ses exportations de beurre et de poudres reculer par rapport aux bons niveaux de 2020 mais elle renforce ses envois de lactosérum et de fromages, malgré la chute des envois vers le Royaume-Uni.
Résultat : les cours de l’ensemble des commodités laitières grimpent depuis le début de l’année. La poudre de lait écrémé dépasse les 2 800 €/t et le beurre excède 4 200 €/t. La valorisation beurre/poudre qui atteignait 355 € en septembre va encore progresser. Les prix du lait au sein de l’UE bénéficient de cette tension et affichent des hausses de 7 à 18 % par rapport à 2020.
Le prix du lait français ne fait pas exception
358 €/1 000 l en septembre pour le lait conventionnel (380 € pour le lait à teneur réelle), soit + 24 € par rapport à 2020 et un niveau record pour la saison (+ 10 €/1 000 L sur 9 mois). Depuis septembre, il est aussi, sinon plus, valorisant d’exporter des commodités laitières que de commercialiser des produits laitiers sur le marché domestique et cela va s’accentuer sur la fin d’année.
Si les voyants sont au vert du côté des marchés, le tableau est terni par la flambée des prix des intrants. Les cours de l’énergie et des engrais ont bondi depuis l’été, de même que ceux des aliments du bétail (respectivement + 24 %, + 40 % et + 13 %/2020 en septembre dans l’IPAMPA lait) et cela devrait durer encore quelques mois au vu des tensions généralisées sur les matières premières. Les exploitations laitières disposent pour la plupart de marges de manœuvre sur la conduite pour ne pas subir de plein fouet cette hausse (moindre apport de concentrés, vente des animaux improductifs) et les polyculteurs-éleveurs vont bénéficier de bons résultats sur les cultures mais les volumes pourraient en pâtir dans certaines exploitations et les marges laitières vont vraisemblablement se contracter durant l’hiver.